Dans le cadre du Programme d’Appui au Développement de l’Enseignement Supérieur Français en Afrique et avec l’aide de l’Université Thématique UNIT, OpenINSA et ses partenaires universitaires maliens, sénégalais et tunisiens ont conçu un Bachelor IoT à distance.
Former à l’Internet des objets
Depuis quelques années, les bracelets, montres, enceintes et autres objets connectés s’immiscent dans notre quotidien. Leur essor est exponentiel : entre 2018 et 2019, 2,5 milliards d’objets connectés ont été vendus dans le monde. Utilisés par le grand public dans des activités de loisirs, de sécurité, de santé, ils concernent également les entreprises, qui y investissent massivement (plus de 570 milliards d’euros dans les projets dit IoT – Internet des Objets – en 2019). Sans surprise, les besoins en main d’oeuvre qualifiée dans le secteur de l’Internet des Objets sont de plus en plus importants partout dans le monde et notamment sur le continent africain.
C’est notamment le cas dans trois pays, le Sénégal, le Mali et la Tunisie. Au Mali par exemple, la demande est forte dans les secteurs de l’énergie, du BTP, des télécoms ou encore de l’industrie. Pourtant, les formations scientifiques et technologiques dédiées à l’Internet des Objets font encore défaut, malgré une politique volontariste des gouvernements pour pallier ce manque. Au Sénégal, le Plan Sénégal émergent (PSE) ambitionne par exemple de faire du pays un leader africain dans le domaine technologique et économique.
La genèse du projet
C’est dans ce contexte qu’est née en 2019 la coopération entre OpenINSA, service du Groupe INSA dédié à l’ingénierie pédagogique, et trois universités virtuelles africaines (Université Virtuelle du Sénégal, Université Virtuelle du Mali, Université Virtuelle de Tunisie). Ensemble, les partenaires ont souhaité concevoir une formation en ligne de type Bachelor (année de formation de niveau licence 3) intitulée Internet des Objets.
Ce cursus est conçu pour répondre aux besoins de formation de ces trois pays africains, en prenant en compte les contextes socio-économiques locaux. Le projet, lauréat de la première édition (2019) du programme d’Appui au Développement de l’Enseignement Supérieur Français en Afrique (ADESFA), a obtenu un financement de 82 000 euros sur deux ans de la part de France Education International. Le projet a également bénéficié du soutien financier de l’Université Numérique Ingénierie et Technologie (UNIT).
Portés par le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères dans le cadre du plan “Bienvenue en France” et opérés par France Education International, les programmes ADESFA (Appui au Développement de l’Enseignement Supérieur Français en Afrique) accompagnent les initiatives de coopération académique des établissements français sur l’ensemble du continent africain, en les appuyant dans leurs démarches exploratoires, en permettant une meilleure identification et adaptation aux besoins locaux et en promouvant l’ingénierie pédagogique française pour co-construire des formations, avec les partenaires académiques africains autour de l’objectif central de l’employabilité des diplômés.
Depuis mai 2019, deux éditions ont d’ores et déjà permis de soutenir financièrement 41 dossiers. Chaque projet, porté par un binôme (un établissement français et un établissement ou institution/autorité publique compétente d’un pays africain) ou un consortium franco-africain (des établissements français des institutions d’un/de différents pays africains), obtient un financement d’un montant maximum de 120 000 euros pour une durée totale de deux ans.
Deux années de travail
De début 2020 à mai 2022, l’équipe projet menée par OpenINSA a travaillé à l’élaboration d’une formation en ligne, accessible en priorité à des étudiantes et étudiants de deuxième année de licence, mais aussi à des personnes en reconversion et des salariés, dans le cadre de la formation tout au long de la vie.
Après une étude d’opportunité menée dans les trois pays concernés, les acteurs du projet se sont consacrés à la conception du dispositif de formation. Des ressources pédagogiques nouvelles de type travaux dirigés et travaux pratiques sont venues compléter des modules (MOOC) déjà produits par les écoles du Groupe INSA dans le cadre d’un projet mené avec OpenClassrooms. L’objectif étant de proposer une offre de formation complète.
“Les ressources conçues dans le cadre de ce partenariat sont placées sous licence Creative Commons. Elles sont mises à disposition dans un espace ressource de tous les enseignants-chercheurs des établissements partenaires du projet”, détaille Jean-Yves Plantec, directeur d’OpenINSA. C’est toute la force de ce projet : avoir fédéré autour de lui une solide communauté”.
Des formations d’ores et déjà opérationnelles
Après plus de dix-huit mois de travail, les établissements africains impliqués dans ce partenariat disposent de maquettes prêtes à être déployées et proposées à leurs étudiantes et étudiants. Leurs équipes pédagogiques ont été formées par OpenINSA à la gestion documentaire et à l’animation des ressources. L’Université Virtuelle de Tunisie, qui disposait déjà d’une licence dédiée à l’Internet des objets, a d’ores et déjà intégré certains modules dans sa maquette de troisième année. Les universités du Mali et du Sénégal quant à elles, ouvriront la formation à partir de la rentrée de septembre 2022.
Désormais, les acteurs du projet Bachelor IoT réfléchissent à élargir leur partenariat à d’autres pays d’Afrique francophone. Ils envisagent également de poursuivre la conception de contenus pédagogiques, pour pouvoir proposer, à moyen terme, une maquette complète de bachelor (trois années d’études) et une offre enrichie pour la formation tout au long de la vie. Les partenaires travaillent également à la possibilité d’une co-diplomation du Bachelor entre leur établissement et l’INSA Toulouse.
Les acteurs du projet
OpenINSA
Créé en 2017, OpenINSA est le service commun du Groupe INSA dédié à l’innovation pédagogique. Il regroupe les cellules d’ingénierie pédagogique des sept écoles d’ingénieurs INSA et mobilise plus de vingt personnes. OpenINSA accompagne au quotidien les enseignants INSA dans l’évolution de leurs pratiques et dans l’ingénierie de leurs projets d’innovation pédagogique, qu’elle soit ou non numérique. Le service conçoit et déploie également des outils et services pédagogiques, tant à l’échelle du Groupe INSA qu’en lien avec des partenaires académiques français et internationaux.
Correspondants projet :
Claude Baron, professeur en informatique à l’INSA de Toulouse et chercheuse au LAAS (Laboratoire d’analyse et d’architecture des systèmes), cheffe de projet ADESFA.
“Le projet mené dans le cadre du programme ADESFA a permis au Groupe INSA de tisser des liens de nouveaux acteurs académiques, implantés dans une région du monde extrêmement innovante et dynamique. La co-construction de la formation dédiée à l’IoT s’inscrit dans un contexte économique particulier, où les besoins en formation autour du numérique sont exponentiels”.
Université Virtuelle du Mali
L’Université Virtuelle UVPP Kingui du Mali a été créée en 2019 et fait partie du Groupe Famib, cluster regroupant des professionnels exerçants dans différents secteurs d’activités et utilisant le numérique comme levier de croissance (dont le Cluster Digital Africa, Centre d’Innovation de Recherche Technologique et d’Industrie Créative). Elle propose des formations diplômantes et certifiantes et en parallèle est un incubateur de start-ups dans le secteur du numérique.
Correspondant projet : Mamadou DOUMBIA, directeur exécutif du groupe FAMIB, responsable des projets et du centre de formation
“Ce Bachelor IoT nous permet de diversifier notre offre de formations et de nous positionner en Afrique de l’Ouest comme un hub en formation IoT, pour répondre aux besoins du marché. Tout l’enjeu est de permettre aux jeunes de se former à la conception et la réalisation de solutions matérielles et logicielles répondant aux besoins et aux nouveaux usages de la mobilité.”
Université Virtuelle du Sénégal
Créée en 2013, l’Université Virtuelle du Sénégal a débuté ses enseignements en septembre 2014. Elle propose une offre de formation initiale avec plus de trente-cinq mille étudiantes et étudiants (35 000) pour l’année universitaire 2019-2020, avec 13 licences, 10 masters et 33 parcours à travers trois pôles de formation : le pôle LSHE (lettres, sciences humaines et éducation), le pôle SEJA (sciences de l’éducation, juridiques et administration) et le pôle STN.
Correspondant projet : Dr Seydina Moussa Ndiaye, enseignant-chercheur, directeur du programme “Formations ouvertes pour le Renforcement des Compétences pour l’Emploi et l’Entrepreneuriat dans le Numérique (FORCE-N)”, co-pilote de la transformation numérique de l’enseignement supérieur sénégalais en lien avec le Ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation.
“Le Bachelor IoT permet à l’Université virtuelle du Sénégal de continuer sa dynamique d’animation de la communauté autour des sciences émergentes, dans le cadre de sa chaire UNESCO sur les Sciences et Technologies émergentes pour le Développement. Ce partenariat avec le groupe INSA et les universités virtuelles de Tunisie et du Mali vient donc à point nommé.”
Université Virtuelle de Tunisie
L’Université Virtuelle de Tunisie (UVT) est un établissement public à caractère scientifique et technologique, créé en janvier 2002. Il a pour principale mission de développer des cours et des programmes universitaires d’enseignement en ligne pour les universités tunisiennes. Elle propose plusieurs programmes de formations, allant de la licence au mastère. Elle est également chargée de coordonner les activités relatives à la formation non présentielle assurée dans les universités tunisiennes.
Correspondant projet : Lobna Kriaa, maître assistante à l’Ecole Nationale des Sciences Informatiques, responsable pédagogique de la licence TIC-RIoT et coordinatrice du projet de Bachelor IoT dans le cadre du projet ADESFA
“Le Bachelor IoT permet d’acquérir et de renforcer les compétences théoriques et pratiques pour la licence RIOT de l’UVT. Ce renforcement permettra de préparer les nouvelles générations d’étudiants initiés à des technologies novatrices émergentes dans les domaines de la science des données, l’Internet des objets et l’intelligence artificielle, la robotique et la télécommunication nouvelle génération. Le projet permet de renforcer la collaboration internationale et étendre notre formation par une convention de double diplomation”
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